L'innovation introduite par les samouraïs a consisté à distinguer l'acier à haute teneur en carbone de l'acier à faible teneur en carbone : le premier était dur mais cassant, le second résistant mais relativement mou. En outre, ces épées étaient fabriquées à partir d'un acier spécial appelé "acier bijou", obtenu à partir du sable volcanique du Pacifique.
Lorsque l'on regarde les coups de sabre des samouraïs dans un film, on pense inévitablement à un matériau surnaturel forgé par un maître qui a gardé son secret pour lui. Et même si les films font preuve d'une certaine licence poétique, il y a une part de vérité dans cette idée : les connaissances des forgerons de ces épées étaient secrètes et exclusives, et le matériau à partir duquel l'acier des lames était fabriqué ne ressemblait à rien d'autre au monde.
Grâce à cette connaissance de la métallurgie, l'illustre guerrier Yamato Takeru a brandi sa légendaire "épée des nuages qui s'amassent dans le ciel" ("Ama-no-Murakumo-no-Tsurugi") et a vaincu tous ses ennemis, car son épée pouvait être jusqu'à dix fois plus forte et plus tranchante que toutes les autres disponibles au XVe siècle.
L'acier utilisé pour la fabrication de l'une de ces épées a dû être trouvé dans le sable volcanique du Pacifique, composé principalement de magnétite, un minerai de fer utilisé pour fabriquer les aiguilles des premières boussoles. Cet acier spécial était connu sous le nom de "tamahagane" ou "joyau d'acier".
L'acier des katanas est fabriqué dans la tatara, un récipient en argile de trois mètres et demi de long et d'un peu plus d'un mètre de haut et de large. Cet énorme récipient est durci en allumant un feu à l'intérieur, puis soigneusement rempli de sable noir et de charbon de bois, qui est chauffé dans le four à poterie pendant plusieurs jours.
Une fois les fragments d'acier décolorés obtenus, après tout ce temps pendant lequel plusieurs personnes ont contrôlé le feu et l'ont commodément alimenté en air, il faut choisir les fragments appropriés. Le secret consistait à séparer les fragments d'acier qui contenaient beaucoup de carbone de ceux qui en contenaient peu (les premiers étaient durs mais se cassaient facilement, les seconds étaient mous mais flexibles).
Pour savoir lequel était lequel, ils ont dû examiner l'apparence, la texture et le bruit lorsqu'ils étaient frappés, puis l'un ou l'autre type de fragment a été utilisé pour différents segments de la lame. Ainsi, la partie centrale était dominée par un acier à faible teneur en carbone, afin qu'elle soit dure et quelque peu élastique, ce qui l'empêche de se briser au combat ; le tranchant était en acier à forte teneur en carbone, afin que le katana soit extrêmement tranchant.
Grâce à toutes ces astuces faisant appel à la sidérurgie, à la géologie et même à la chimie pour fabriquer des épées légendaires, les épées de samouraïs étaient capables de résister aux chocs avec d'autres épées et armures, tout en restant tranchantes comme des rasoirs.
Les épées des samouraïs ont constitué un jalon que nous n'avons su imiter que bien des années plus tard. Par exemple, jusqu'à la révolution industrielle, personne ne savait comment fabriquer un acier aussi solide et aussi dur que celui forgé par les samouraïs.
L'ensemble du processus de fabrication d'une épée, impliquant de grandes connaissances encore insaisissables à l'époque, ainsi que le fait d'être entouré de grandes liturgies et de cérémonies religieuses, a finalement conduit à ce que ce métal soit fortement associé à la magie, avec des légendes telles que celle de l'épée Excalibur, l'épée mythique du roi Arthur.
Les fabricants de katana utilisent deux types de tamahagane : l'acier à haute teneur en carbone, qui est très dur et permet d'obtenir un fil tranchant comme un rasoir, et l'acier à faible teneur en carbone, qui est très résistant et permet d'absorber les chocs. Une épée composée uniquement d'un type d'acier autre qu’un autre qui s'émousserait trop rapidement ou serait trop fragile.
À la question de savoir pourquoi les katanas sont si tranchants, il faut reconnaitre que les katanas japonais traditionnels sont réputés pour leur incroyable force et leur capacité de coupe. En utilisant l'acier japonais indigène, appelé Tamahagane, les forgerons ont pu affiner et purifier progressivement la composition de la lame en pliant le métal jusqu'à une douzaine de fois.
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